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L’hydrogène à l’épreuve du terrain

DACHSER utilise un camion à hydrogène depuis plus de 18 mois au sein de son agence de Magdebourg. Ce poids lourd sans émission directe démontre au quotidien sa capacité à alterner transports locaux et longues distances.

Livraisons dans les quartiers de Magdebourg, en Allemagne
Livraisons dans les quartiers de Magdebourg, en Allemagne

À la porte numéro 11, entre un semi-remorque, à gauche, et une caisse mobile, à droite, l’espace pour manœuvrer est restreint. Au volant de son camion à trois essieux, Stefan Heinze effectue sa marche arrière avec précision et sans difficulté. Cette manœuvre courante dans un centre logistique, le conducteur l’a déjà exécutée des centaines de fois. Comme tous ses collègues qui se succèdent toutes les minutes dans l’entrepôt DACHSER de Magdebourg avec leurs camions et semi-remorques. Pourtant, sa manœuvre a quelque chose de particulier. Le camion de Stefan est presque silencieux, n’émettant qu’un léger bip sonore lorsqu’il recule.

Avec sa cabine bleu foncé et sa caisse jaune et bleu, le 27 tonnes avec remorque ressemble à un camion DACHSER ordinaire. Un autocollant placé sur le côté révèle sa particularité : l’inscription « H2-Truck », accompagnée des logos des partenaires du projet indique qu’il s’agit d’un camion à hydrogène. 

Stefan est l’un des trois conducteurs du Hyundai XCIENT Fuel Cell, le premier poids lourd de série équipé d’une pile à combustible à hydrogène, assigné par DACHSER au transport quotidien de marchandises au cœur de la Saxe-Anhalt. Pendant la journée, il assure le transport régional sur environ 180 km. La nuit, avec une unité Food Logistics en remorque, il se transforme en 42 tonnes et fait la navette entre Magdebourg et Berlin-Schönefeld, à raison de 290 km l’aller-retour.

Une réduction sensible des émissions de CO2

Le « Gros », comme le surnomment affectueusement les conducteurs, est un véhicule électrique alimenté par deux piles à combustible. Ces piles, qui produisent de l’électricité grâce à une réaction électrochimique entre l’hydrogène et l’oxygène, entraînent un moteur électrique de 350 kilowatts (environ 480 ch).

« Dans le cadre de notre stratégie de protection du climat, nous nous intéressons de près aux motorisations et aux carburants alternatifs. Nous souhaitons soutenir activement leur développement », explique Alexander Tonn, COO Road Logistics chez DACHSER. « La pile à combustible à hydrogène est une technologie très prometteuse. Il est important pour nous de pouvoir la tester de façon exhaustive dans nos opérations logistiques. »

DACHSER s’est doté d’une stratégie de protection de l’environnement à long terme et soutient la transition vers une logistique plus durable avec ses clients et partenaires, en mettant l’accent sur l’efficacité, l’innovation et l’intégration. L’entreprise utilise des véhicules électriques depuis 2018, notamment pour assurer des livraisons urbaines plus durables avec le concept « DACHSER Emission-Free Delivery ». Elle étend continuellement sa flotte de véhicules non thermiques, y compris pour le transport longue distance.

L’année dernière, la mise en service d’un point de ravitaillement public en hydrogène à proximité immédiate du centre logistique DACHSER de Magdebourg, près de l’autoroute A2, a inspiré Christian Schäckel, General Manager du centre logistique. Constatant que cette démarche s’inscrivait parfaitement dans la stratégie de développement durable de DACHSER, il a évalué avec Jens Horstmann, responsable de la flotte, la faisabilité d’essais sur le terrain. À peu près au même moment, Hyundai lançait le Xcient Fuel Cell, le premier poids lourd à hydrogène. DACHSER a saisi cette occasion pour lancer une campagne d’essais de huit ans, en collaboration avec H2 Green Power & Logistics GmbH et la société H2 Delivery Truck Pool GmbH & Co. KG spécialisée dans la location de camions. Les tests ont débuté le 2 mai 2023.

Faire le plein d’hydrogène est un jeu d’enfant
Faire le plein d’hydrogène est un jeu d’enfant

Une conduite plus intelligente

« Il faut d’abord se familiariser avec le véhicule », explique Stefan Heinze. « On ne conduit pas un camion à hydrogène comme un diesel. La transmission de la puissance est beaucoup plus directe et le couple du moteur électrique plus élevé, il faut donc doser l’accélération pour éviter que les roues ne patinent au démarrage. Il faut également surveiller le niveau du réservoir d’hydrogène et connaitre l’emplacement des stations-service. Se retrouver en panne sur le bord de la route avec un réservoir vide serait embêtant, car il n’y a pas de bidon de réserve. »

Si l’infrastructure de recharge pour les camions électriques reste très limitée en Europe, l’approvisionnement en hydrogène vert en est à ses débuts. À l’heure actuelle, les quantités d’hydrogène disponibles sont très faibles et les stations-service pour poids lourds sont rares. L’opérateur H2 Mobility en recense à peine 200 en Europe, dont 100 en Allemagne. Les véhicules à hydrogène sont donc encore loin d’être rentables. D’autant plus que leurs coûts d’acquisition sont nettement supérieurs à ceux des véhicules électriques. Souhaitant préserver l’option hydrogène dans sa stratégie de protection du climat, DACHSER finance le véhicule pilote de Magdebourg dans le cadre de ses initiatives de recherche et d’innovation. 

Pour l’instant, les camions ne peuvent pas trop s’éloigner des quelques stations-service à hydrogène existantes. « Pour nos essais, nous avons choisi des trajets sur lesquels l’approvisionnement est assuré », précise Jens Horstmann. « Les points de ravitaillement en hydrogène de Magdebourg et de Berlin-Schönefeld nous permettent d’effectuer les navettes. S’ils ont des difficultés d’approvisionnement, nos opérations s’en ressentent. Heureusement, cela n’arrive que très rarement. »

31 kg d’hydrogène gazeux

Avant de partir en tournée chez les clients, Stefan Heinze fait le plein de son camion. À la station, il a rarement besoin d’attendre. Le camion est équipé de sept réservoirs placés derrière la cabine du conducteur. Ils sont remplis d’hydrogène gazeux à 350 bars de pression. Les voitures faisant le plein à 700 bars, les différents types de véhicules ne se font pas concurrence. « C’est aussi simple qu’une pompe à diesel ordinaire », indique Stefan Heinze, en insérant le pistolet dans le réservoir. « En général, il faut une vingtaine de minutes pour remplir les sept réservoirs. Quand il fait très froid, le processus est un peu plus long ». Le H2-Truck peut contenir 31 kg d’hydrogène gazeux, avec une consommation moyenne d’environ 7 kg de gaz pour 100 km.

Lors de ses tournées, Stefan Heinze répond toujours à de nombreuses questions des passants
Lors de ses tournées, Stefan Heinze répond toujours à de nombreuses questions des passants

Un véhicule qui suscite la curiosité

Au cours de sa tournée, le conducteur est submergé de questions. Les clients lui demandent comment fonctionne un moteur à hydrogène et comment se comporte le camion. Ils veulent savoir s’il est dangereux et pourquoi DACHSER s’intéresse à cette technologie. Stefan Heinze présente volontiers le véhicule et son concept : « Non, il n’est pas plus dangereux qu’un autre camion. En cas de collision, l’hydrogène s’échapperait tout simplement vers le haut par des points de rupture. Le réservoir contient du gaz, pas de liquide, et au lieu de gaz d’échappement, le véhicule émet de l’eau distillée. Dans l’ensemble, la conduite est beaucoup plus silencieuse, plus détendue et sans vibration. Elle est donc parfaitement adaptée aux zones à faibles émissions des centres-villes. Il pourrait vraiment contribuer à façonner un avenir sans émission. »

« Stefan, René et Dirk, les trois conducteurs de notre camion à hydrogène, sont passionnés par cette technologie. Ils sont ravis d’être les pionniers du transport durable de demain. Ils adorent ce nouveau mode de conduite », constate Jens Horstmann, conscient cependant que beaucoup d’autres conducteurs se méfient de cette nouvelle technologie. « Les réticences sont souvent liées à la peur de l’inconnu », estime-t-il. « Pour convaincre, il faut des expériences positives sur le terrain. La théorie ne suffit pas. »

Pour l’équipe de Jens Horstmann, les essais menés avec le camion à hydrogène s’inscrivent dans un projet global : « La technologie doit faire ses preuves sur le terrain. Parallèlement, on mesure son acceptation auprès des conducteurs et des clients ».  Un producteur de jus de fruits bio, client de DACHSER à Magdebourg, a tout de suite été séduit par ce mode de transport respectueux de l’environnement. « Il nous a demandé de livrer le matériel nécessaire aux événements de l’entreprise exclusivement avec le nouveau camion », rapporte Jens Horstmann. « Il s’est ensuite empressé de poster des photos et des vidéos sur TikTok et Instagram. »

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